Le mycélium

Le mycélium

Les champignons ont en quelque sorte une double vie :

 

– Une vie aérienne et éphémère, celle du « porteur de semences », appelé scientifiquement carpophore : c’est la partie que nous voyons à la surface du sol dans les prés et les sous-bois, en majorité à l’automne, et que nous récoltons pour les espèces comestibles.

Il représente en quelque sorte le « fruit » du champignon qui va disséminer les spores pour reproduire l’espèce.

Il se développe rapidement, en quelques jours, parfois même en quelques heures, sous certaines conditions de température et d’humidité.

Il persiste ensuite plusieurs jours, parfois plusieurs semaines, puis se décompose.

 

– Une longue vie souterraine, celle du mycélium : le mycélium est un organisme vivace, constitué de filaments plus fins que les cheveux, qui forment tout un réseau souterrain généralement concentré dans les premiers centimètres du sol.

Il peut s’étendre sur plusieurs dizaines à centaines de mètres carrés et prospérer pendant des dizaines, voire centaines d’années.

Voyez à ce propos notre article de blog intitulé : le plus grand être vivant sur Terre est un champignon.

Mycélium

Exemple de Mycélium

D’après la recherche en biologie moléculaire, il existerait en moyenne 3000 sortes de mycéliums différents (en attente de conditions optimales) dans un mètre cube de terrain boisé !

Les champignons sont des organismes vivants si particuliers que les spécialistes leur ont consacré un règne à part, celui des Funghi.

Ils partagent à la fois des traits caractéristiques du monde végétal et du monde animal.

Comme les végétaux, les champignons sont « enracinés » dans le sol.

Par contre dépourvus de chlorophylle, ils sont donc obligés d’utiliser les substances élaborées par d’autres organismes, comme les animaux.

Ils sont classés dans 3 catégories :

  • Saprophytes (ou saprotrophes) ; ils se nourrissent de matière organique morte et en véritables éboueurs des forêts, décomposent et recyclent les débris végétaux et animaux.

 

  • Parasites ; ils prélèvent leur nourriture sur des organismes vivants à leur détriment,

 

  • Symbiotiques (ou mycorhizogènes) ; ils vivent en symbiose avec la plante hôte en lui fournissant l’eau et les sels minéraux, et la plante apporte les nutriments organiques.

Par ailleurs, ils contiennent de la chitine qui est un dérivé azoté que l’on retrouve également dans les cuticules (carapaces) des insectes et qui est très difficile à digérer pour l’être humain.

Contraints de puiser leurs nutriments dans le sol ; les champignons ont développé une forte capacité d’extraction et ils sont dotés de systèmes enzymatiques performants.

L’absorption s’effectue grâce à des récepteurs spécifiques situés sur les membranes du mycélium ; la partie filamentaire souterraine et vivace des champignons.

C’est pourquoi les champignons sont capables d’extraire les éléments, stables ou radioactifs, présents dans leur substrat.

Ils ont également la particularité de les accumuler grâce à un métabolisme assez lent et à leur longue longévité déjà citée.

Les végétaux chlorophylliens sont généralement bien moins contaminés que le sol dans lequel ils poussent : l’extraction racinaire du Césium radioactif est faible.

Chez certaines espèces de champignons, le phénomène s’inverse : le mycélium parvient à concentrer le Césium.

Voyez notre article de blog sur la radioactivité des champignons.

Existe-t-il une intelligence fongique ? – Article de Jean-Jacques SANGLIER – Société Mycologique du Haut-Rhin

Le cuir de champignons – Article de Jean-Jacques SANGLIER – Société Mycologique du Haut-Rhin

Le sol n’est pas éternel – Article de Jean-Jacques SANGLIER – Société Mycologique du Haut-Rhin

La prochaine pandémie pourrait être due à des champignons contre lesquels nous sommes démunis – Trust My Science

Les champignons sont-ils menacés par le réchauffement climatique ? – Solenne BARLOT – France Info

 

La mycologie est une science, celle d’étudier les champignons.

S’il est utile de bien les connaître afin de pouvoir consommer certains d’entre eux, il est aussi utile de connaître leur mode de vie dans la nature, afin de mieux les préserver.

Il faut savoir que sans champignons, plus de forêts.

En effet les espèces mycorhizogènes (60 %) apportent des sels minéraux indispensables aux arbres et autres plantes chlorophylliennes, mais et surtout les espèces saprotrophes (35 %) transforment la matière organique en un humus nourricier.

Ce sont les pionniers de la dégradation et de la décomposition des feuilles, branches et autres arbres morts.

Dans les forêts naturelles, ce sont les champignons qui sont les élagueurs, les bûcherons qui n’abattent que les arbres malades ou morts et ensuite recyclent les troncs et les souches.

Quant aux parasites (5 %) très peu nombreux, ils jouent dans la nature le rôle de régulateur, afin que des végétaux dominateurs n’envahissent pas totalement des espaces au détriment d’autres espèces plus faibles.

Quand on connaît le rôle primordial des champignons dans tous les écosystèmes, comment ne pas les protéger, les respecter, les sublimer :

  • Pas un seul ligneux, notamment les arbres, les graminées et de nombreuses plantes ne vivent sans symbiose avec eux,

 

  • Et quand on sait que seuls les champignons sont capables de décomposer la lignine et qu’ils participent à la décomposition de la cellulose pour fabriquer nos sols sur lesquels vont pousser nos plantes qui seront ensuite consommées par les animaux.

En complément de l’article du Guardian, voici quelques précisions techniques un peu plus scientifiques sur les mycorhizes, communiquées par Jean-Jacques SANGLIER de la Société Mycologique du Haut-Rhin.

Les champignons mycorhiziens sont présents dans la majorité des écosystèmes terrestres et associés à plus de 90 % des espèces végétales terrestres . On distingue les ectomycorhizes (bien connues) et les endomycorhizes (négligées, et pourtant capitales).

Les ectomycorhizes sont des mycorhizes extérieures aux racines, tandis que les endomycorhizes sont des mycorhizes internes à la racine.

Illustration

Les ectomycorhizes 

La formation des ectomycorhizes commence par un contact entre champignon et racine en dessous de l’extrémité des jeunes racines en pleine croissance. Les hyphes (filaments mycéliens) poussent d’abord à la surface de la racine.

Après un jour ou deux , un manchon se forme autour de la racine, suivi par la pénétration entre les cellules du cortex de l’hôte, une ramification et une croissance, dont résulte la formation d’un réseau de Hartig entre les cellules. 

Les genres de champignons formant des ectomycorhizes appartiennent aux ascomycètes (truffes, …) et aux basidiomycètes (bolets, cortinaires…) ; ils sont fidèles ou non aux espèces végétales.

Il est généralement estimé que 6 000 espèces de plantes terrestres présentent un statut ectotrophe. Les espèces de plantes ectotrophes sont des gymnospermes et surtout des angiospermes. Les arbres sont majoritairement impliqués dans cette symbiose qui intéresse également des arbustes, des lianes et des herbacées.

Les arbres sont représentés principalement dans les familles ou sous-familles des Betulaceae, Caesalpinioideae, Dipterocarpaceae, Fagaceae, Myrtaceae, Papilionoideae et Pinaceae. C’est-à-dire les différents chênes, charmes communs, houblons, hêtres, bouleaux, noisetiers, tilleuls, pins, sapins et cèdres. Parmi les arbres fruitiers, le noisetier fait exception : tous les autres fruitiers possèdent des endomycorhizes. 

En général, les arbres ectotrophes dominent la strate arborée des forêts boréales et tempérées de l’hémisphère nord, des forêts tempérées et subtropicales de l’hémisphère sud, des forêts à Dipterocarpaceae en Asie du Sud-Est et à Caesalpinioideae en Afrique tropicale.

Les endomycorhizes

 Dans le cas des symbioses endomycorhiziennes, les champignons rentrent à l’intérieur des cellules racinaires pour réaliser les échanges avec la plante.

Il existe 3 types d’endomycorhizes, les endomycorhizes à pelotons du type ericoïde ou associées aux orchidées et les endomycorhizes à arbuscules.

Dans ce dernier cas, les champignons concernés appartiennent au groupe monophylétique des Gloméromycètes. D’un point de vie écologique et de distribution, ce sont les plus importants.

 Ce sont des biotrophes obligatoires : sans l’interaction avec la plante hôte leur fournissant des éléments carbonés, ils ne peuvent accomplir leur cycle de développement. Ils ne présentent pas une grande fidélité. Ils appartiennent aux Gloméromycètes dont on dénombre aujourd’hui environ 200 espèces (probablement une sous-estimation).

Elles nous restent invisibles mais sont fort répandues (beaucoup plus que les ectomycorhizess). Elles forment notamment des associations avec des herbacées et des arbres des zones tropicales.

Ces mycorhizes sont la quasi-généralité chez les plantes cultivées, essentiellement dans des groupes de nos régions :

– Poaceae (ex-Graminées) : graminées de nos prairies, graminées cultivées : blé, riz, maïs…,
– Fabaceae : soja, haricot, pois, lentilles, fèves, tournesol, luzerne…,
– Cultures légumières : pommes de terre, tomates, oignons, poireaux, concombres,
– Cultures horticoles : oeillets, géraniums, rosiers, géraniums…,
– Cultures fruitières : fraisiers, framboisiers, pommiers, pruniers, cerisiers…

Elles sont présentent également chez quelques arbres de nos régions comme les érables.

Ces endomycorhizes sont encore aujourd’hui totalement sous-estimées.

De l’importance vitale des mycorhizes dans la lutte contre le réchauffement climatique ” – Article rédigé par Daniel SUGNY (Société Mycologique du Pays de Montbéliard et Société d’Histoire Naturelle du Pays de Montbéliard) et Jean-Jacques SANGLIER (Société Mycologique du Haut-Rhin), et publié dans le bulletin 22 de la Société d’Histoire Naturelle du Pays de Montbéliard qui présente des publications dans les diverses directions de l’histoire naturelle.

Quelques articles sur les menaces qui pèsent sur les arbres, et donc sur leurs champignons symbiotiques, avec le réchauffement climatique :

Sous l’impact des dérèglements climatiques, les arbres vont manquer de sève – article publié le 1er juin 2022 dans « The Conversation » – auteurs : Thierry Ameglio et Guillaume Charrier (Inrae).

Les plus vieux arbres du monde (4500 ans) terrassés par le réchauffement climatique – Rédaction Up Magazine – 19 juillet 2022.

Le plus vieil arbre du monde a 5484 ans !

Incendies, sécheresses, ravageurs : les forêts victimes de la monoculture – article publié dans “The Conversation” – auteurs : Bastien Castagneyrol et Hervé Jactel (Inrae). 

Les plantes migrent aussi poussées par l’accélération du dérèglement climatique – Alexandre AGET – Up Magazine – Juillet 2022.

La Forêt de la Hardt (en Alsace) fait de la résistance : page 1page 2page 3page 4 – article paru dans le journal L’Alsace – 23 octobre 2022

Variations génétiques chez les arbres – article de Jean-Jacques Sanglier (Société Mycologique du Haut-Rhin) – Octobre 2022

Forêts en péril : comment l’imagerie et la big data peuvent contribuer à les protéger – Frédéric ARCHAUX (INRAE) – Cécile VINCENT-BARBAROUX (Université Orléans) – The Conversation – 21 novembre 2022

Biodiversité : alerte sur les biotechnologies – Up Magazine – Décembre 2022

Les secrets des racines et des sols, clefs de l’agroécologie – Michel-Pierre FAUCON – David HOUBEN – Murilo VELOSO – The Conversation – Décembre 2022

Les arbres peuvent-ils communiquer entre eux ? – Bastien CASTAGNEYROL (Chercheur en écologie INRAE) – The Conversation Junior – Janvier 2023

Protection des allées d’arbres – Fabienne MARION – Up Magazine – Juin 2023

Changement climatique : menace sur le puits de carbone forestier français – Rédaction Up Magazine – 27 juin 2023

Perturbations du jet-stream et du climat – Alexandre AGET – Up Magazine – 29 juin 2023

Espèces invasives – Sophie DEVILLERS – La Libre Belgique – 6 septembre 2023

 

Aller aux champignons est toujours une aventure. Pour les cueilleurs, c’est plus qu’une communion avec la nature, c’est une véritable chasse au trésor !

Les champignons, liés au merveilleux, font partie de notre imaginaire. Ils sont dans toutes les pages des livres d’enfants, dans tous les contes et ils poussent en rond de sorcières ! Il n’en faut pas plus pour les rendre magiques.

Est-ce toujours la gourmandise qui nous pousse à partir dès l’aube pour des cueillettes aléatoires ?

Les saisons et l’humidité, par exemple un orage après quelques jours de chaleur, préparent les bonnes conditions pour de belles poussées.

Si l’on décide d’écouter les conseils de nos anciens, évitons la nouvelle lune.

Le mycélium se constitue à ce moment-là et comme les champignons apparaissent cinq jours après cela nous mène juste avant la pleine lune.

Certains amateurs préfèrent la cueillette à la nouvelle lune d’autres le jour de la pleine lune.

Les aficionados, à l’affût du moindre signe pour s’élancer dans les bois, sont prêts à suivre tous les dictons les uns à la suite des autres.

Alors, dès que le temps le permet, allons aux champignons ! Et sachez que tous les changements de lune sont propices.

 

Si vous êtes sensibles aux allures artistiques des champignons dans leur milieu naturel, nous vous recommandons les beaux ouvrages de Benoît PEYRE. Photographe et écrivain, il vit au gré des pousses de champignons.

Mycophile passionné depuis la tendre enfance (mycophile ; personne qui aime les champignons), il traque et croque avec curiosité l’univers insolite des petits êtres des sous-bois.

Non satisfait du niveau de qualité des photographiques reproduites dans les livres par les principaux éditeurs ; il a choisi d’autoéditer lui-même ses très beaux ouvrages.

Chacune de ses photographies reproduites dans ses livres est traitée avec un vernis sélectif ; ce qui fait un chef d’œuvre de chacune d’elle.

Nous n’avions jamais vu auparavant un tel niveau d’excellence dans le rendu photographique ; vous avez l’impression d’avoir entre les mains un album de clichés photographiques de très haute qualité, et non un livre.

Nous n’hésitons pas à dire que les livres de Benoît PEYRE sont des œuvres d’art à part entière. Nous vous laissons en juger par vous-mêmes.

Découvrez ses derniers ouvrages :

 

 

Voyez aussi notre article de blog sur la cueillette des champignons.

 

Pour clôturer cet article, voici quelques liens vers des articles de presse récents :

Un champignon dévore les forêts de frêne. Ce champignon au nom curieux de chalaria s’attaque aux arbres qui deviennent secs et meurent.

Plus de 300 nouvelles espèces de champignons étrangers en Suisse. Parmi ces champignons qui n’existaient pas à l’origine, on trouve de nombreux parasites des plantes de jardins ou plantes sauvages, quelques comestibles et des curiosités.

Crédit photo : Michel RICHARD – Société Mycologique du Haut-Rhin

 

Photo La Boutique du Champignon

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